Zoé D'Adamo - oralité et lecture numérique : Différence entre versions

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Je me suis dis que l'une des manières possibles serait donc de se focaliser sur la forme oral sous laquelle la po
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Oralité / raison numérique. Circulation de la parole et des imaginaires
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Nadine Decourt et Raymond Mayer
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''L’oralité est un terme commode où se reconnaissent tant bien que mal des « militants de la parole », pour reprendre une expression de Philippe Breton dans son Éloge de la parole (2007 : 9, 20-23), venus d’horizons divers : chercheurs, conteurs et leurs publics, agents transmetteurs de toutes sortes (professionnels ou occasionnels) captivés par la force du verbe, sans recours au texte écrit. En ce sens, l’oralité se distingue de l’oralisation, elle désigne une texture incarnée, infixée, négociée in vivo entre celui qui parle et celui qui écoute, par-delà le parler ordinaire de l’échange conversationnel, « œuvre performée », selon la définition de Paul Zumthor (1987). L’on s’y plait et l’on s’y instruit. Nous la qualifierons donc de littéraire. L’art de la parole relève de l’ancienne rhétorique et, par-delà l’Antiquité où elle a d’illustres défenseurs, déjoue le piège des origines, comme les prévisions de sa disparition annoncée avec la fin des terroirs. Elle résiste à l’usure du temps au point de renaître sans cesse dans la voix singulière des conteurs, qui inventent des formes de socialité impulsées aujourd’hui par le numérique. Si certains peuvent encore la soupçonner de quelques attaches au primitivisme, après avoir servi de véhicule à bien des théories évolutionnistes et diffusionnistes, elle accompagne aujourd’hui derechef les débats sur les dynamiques des sociétés et leurs nouveaux types d’approches, disponible pour de ­nouvelles aventures artistiques et scientifiques.''

Version du 27 novembre 2018 à 16:42

Je souhaiterais m'interroger sur l'oralité numérique au service de la poésie.

En effet, la poésie est d'après Wikipédia un genre littéraire très ancien aux formes variées, écrites généralement en vers mais qui admettent aussi la prose, et qui privilégient l'expressivité de la forme, les mots disant plus qu'eux-mêmes par leur choix (sens et sonorités) et leur agencement (rythmes, métrique, figures de style). La poésie est à mes yeux la forme d'écrire la plus proche du coeur qui puisse exister. C'est pourquoi il est primordial de respecter l'approche propre à la personnalité du poète.

Alors travailler cette forme d'écriture autour d'une oralité numérisée, est un challenge particulier. Comment traduire au plus près les émotions véhiculées par l'auteur au travers d'un langage artificiel et inventé de toutes pièces?


Oralité / raison numérique. Circulation de la parole et des imaginaires Nadine Decourt et Raymond Mayer

L’oralité est un terme commode où se reconnaissent tant bien que mal des « militants de la parole », pour reprendre une expression de Philippe Breton dans son Éloge de la parole (2007 : 9, 20-23), venus d’horizons divers : chercheurs, conteurs et leurs publics, agents transmetteurs de toutes sortes (professionnels ou occasionnels) captivés par la force du verbe, sans recours au texte écrit. En ce sens, l’oralité se distingue de l’oralisation, elle désigne une texture incarnée, infixée, négociée in vivo entre celui qui parle et celui qui écoute, par-delà le parler ordinaire de l’échange conversationnel, « œuvre performée », selon la définition de Paul Zumthor (1987). L’on s’y plait et l’on s’y instruit. Nous la qualifierons donc de littéraire. L’art de la parole relève de l’ancienne rhétorique et, par-delà l’Antiquité où elle a d’illustres défenseurs, déjoue le piège des origines, comme les prévisions de sa disparition annoncée avec la fin des terroirs. Elle résiste à l’usure du temps au point de renaître sans cesse dans la voix singulière des conteurs, qui inventent des formes de socialité impulsées aujourd’hui par le numérique. Si certains peuvent encore la soupçonner de quelques attaches au primitivisme, après avoir servi de véhicule à bien des théories évolutionnistes et diffusionnistes, elle accompagne aujourd’hui derechef les débats sur les dynamiques des sociétés et leurs nouveaux types d’approches, disponible pour de ­nouvelles aventures artistiques et scientifiques.