Utilisateur:Laurent
READER Commun
Décoloniser c’est être là, décoloniser c’est fuir Marronnage depuis l’hospitalité toxique et alliances dans les mangroves Olivier Marbœuf
C’est dans la mangrove épistémique que j’entraîne le maître pour lui faire perdre pied, et me retrouver dans l’absence de repère, pour neutraliser son regard frontal dans la noirceur des profondeurs et me révéler dans l’invisibilité. Gauthier Tancons
Décoloniser c’est être là, décoloniser c’est fuir. En guise d’introduction, je propose à dessein un titre en forme de contradiction dont l’une des propositions défait toute ambition héroïque ou annonce peut-être les prémices d’une pratique où serait signifiée la nécessité d’un glissement de terrain, afin de créer les conditions liminaires d’une autre scène. Une scène produite dans la chambre d’écho du marronnage, de la fuite des esclaves, stratégie de soustraction des espaces, des règles et des affects de la plantation. La fuite comme premier geste et motif d’une possible recomposition politique et forme de vie à la fois, qui réclamerait une certaine écologie, défaite de l’autorité des lieux. S’enfuir de la terre ferme vers un sol incertain et mouvant, réclamer un lieu en devenir où les voix sonneraient d’un autre accord ; une grotte, un morne, une mangrove. Tourner le dos à la posture frontale de la lutte et d’une certaine mesure à ses imaginaires romantiques, ce n’est cependant pas manquer de courage ni oublier combien il a fallu parfois, il faut et faudra encore, faire corps. Apparaître comme acte de résistance. Être là comme puissance de vie face aux pouvoirs nécropolitiques. Mais il nous faut à la fois mesurer, peut-être au moment même où des figures minoritaires deviennent visibles notamment en France, les risques de cette visibilité si souvent légitimement réclamée et désirée. Et ouvrager en secret une manière d’échapper à la capture, une façon de négocier sa présence. Décoloniser c’est peut-être produire ce corps qui surgit sans prévenir dans un double mouvement contradictoire, en affirmant sa présence et en ouvrageant sa fuite à la fois. Sa fuite vers un lieu sûr. Et ce deuxième mouvement demande de prendre soin de la manière dont s’institue le lieu, dont se négocient sans cesse ses conditions. Fuir, ce n’est pas s’en aller définitivement. C’est rôder un peu plus loin des centres, dans la périphérie, c’est déplacer la scène vers une autre lumière comme on tire discrètement la nappe du maître en quittant les lieux par une fenêtre cassée. Et ainsi toute la table, les plats, les couverts et les bonnes manières, la sueur et la connaissance, les animaux morts et les plantes voyageuses nous accompagnent de leur musique de fracas, jusqu’à l’endroit où ne circule plus aucune police. Ainsi peut débuter le festin et l’examen des prises de cette scène qui a perdu de son ordre et de son autorité.
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Olivier Marboeuf - Décoloniser c'est être là, décoloniser c'est fuir
Création du footnote du reader commun en featuring avec Amandine
Création du style de l'extrait choisit pour le reader
LIKEMBE - Featuring Marie-Pascale
Likembe est un espace physique de partage d'expérience et de référence artistique lié à l'afro-descendance, se caractérisant par un espace de groupe physique et un espace numérique. Ces espaces sont privés. Likembe s'adresse aux personnes afro-descendante et s'appuie sur des modèles collectifs, évolutifs et horizontaux. La publication interroge dans ce contexte les lieux de diffusion par un questionnement sur les plateformes utilisées et la cohérence entre le discours du groupe et ses outils. Dans un contexte décolonial, afro-féministe, QUEER, communautaire, linguistique et artistique; Likembe rassemble des références, bibliographies et discussions alimentées par les divers·e·s membres du groupe. Il s'agit d'une publication continue et intéractive qui doit rester en mouvement et ne pas se figer pour laisser ses valeurs évoluer avec le temps et la pluralité des expériences. La fréquence d'accessibilité est permanente. Une personne externe au projet peut s'en rapprocher en se présentant et en montrant ses affinités avec l'espace. Marie-Pascale, Laurent et d'autres personnes interviendront dans la structure pour assurer le fonctionnement et la mise à jour de l'espace. Les personnes gravitant autour du projet pourront participer à son alimentation. Le canal principal de communication est le bouche à oreille pour garder une échelle humaine et un fonctionnement organique.
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